Bangui : l’inflation touche le cœur des ménages, le prix du manioc s’enflamme sur les marchés

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Bangui : l’inflation touche le cœur des ménages, le prix du manioc s’enflamme sur les marchés

 

Bangui : l’inflation touche le cœur des ménages, le prix du manioc s’enflamme sur les marchés
enfant-maltraite-a-Boda – Boda, reflet du défi persistant de la protection de l’enfance en République centrafricaine

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À Bangui, le coût du manioc grimpe en flèche, asphyxiant les ménages. L’inaction du gouvernement face à cette crise alimentaire attise la colère populaire.

 

Depuis plusieurs semaines, une tempête économique déferle sur la capitale centrafricaine, faisant exploser les prix des produits de première nécessité. Le manioc, aliment central de la table des Centrafricains, devient un luxe inaccessible pour beaucoup, tandis que la viande, le sel et les cubes culinaires suivent la même courbe vertigineuse. Face à cette flambée, les habitants s’interrogent, désemparés : pourquoi une telle hausse ? Et surtout, où est l’État, censé protéger les plus vulnérables ?

 

Une flambée des prix qui brise les foyers

 

Le marché de Bangui est devenu un terrain miné pour les ménages. En l’espace de deux à trois semaines, les prix des produits essentiels ont bondi de manière inquiétante. La demi-cuvette de  manioc, communément appelée “Ngawi “, explique cette dérive. Il y a un mois, une demi-cuvette se vendait à 2000 francs CFA. Aujourd’hui, selon les quartiers, elle s’échange entre 3750 et 4100 francs, une hausse de près de 50 % dans certains cas. À l’entrée nord de la capitale, au Pk12 ou Pk13, le Ngawi coûte 3750 francs, mais vers le centre-ville, vers Saïdou ou Lakouanga, les prix frôlent les 4000 francs, voire plus. Cette disparité géographique sème la confusion et aggrave le sentiment d’injustice.

 

La viande, autre pilier de l’alimentation centrafricaine, n’échappe pas à la crise. Si le prix affiché au kilo reste inchangé, les portions, elles, s’amenuisent. Un “kilo” de viande, payé au même tarif qu’auparavant, ne pèse plus que 300 à 400 grammes. Les bouchers, confrontés à une raréfaction des approvisionnements, pointent du doigt l’arrivée sporadique des éleveurs à Bangui. Résultat : les familles paient le même prix pour beaucoup moins de nourriture.

 

Le sel, les cubes culinaires, le poisson,  aucun produit de base n’est épargné. Les cubes, indispensables pour relever les plats, voient leur prix grimper, tout comme le sel, pourtant fondamental. À Bangui, où les revenus sont déjà dérisoires, ces hausses ne sont pas un simple désagrément : elles menacent la survie même des ménages. Comme l’a résumé un journaliste centrafricain, “quand le manioc devient un luxe, c’est tout le pays qui risque de sombrer dans le coma “.

 

Les raisons : un mélange explosif

 

Qu’est-ce qui alimente cette inflation brutale ? Les habitants de Bangui, désorientés, cherchent des explications. Les premières pluies de la saison humide, qui compliquent le transport des marchandises sur des routes déjà délabrées, sont souvent évoquées. Les camions s’enlisent, les délais s’allongent, et les frais de transport s’envolent, alourdissant la facture finale. Mais cette explication, bien que crédible, ne suffit pas à justifier des hausses aussi soudaines et massives.

 

D’autres facteurs pointent vers des failles structurelles. Les barrières routières, ces checkpoints illégaux où forces de l’ordre rackettent les transporteurs, gonflent les coûts. Chaque péage informel est une taxe déguisée, répercutée sur les prix au marché. L’incapacité de l’État à sécuriser les axes routiers expose ainsi les consommateurs à une double peine. À cela s’ajoute une dépendance aux importations pour des produits comme les cubes culinaires ou le sel, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des marchés.

 

Mais la question centrale demeure : où est le gouvernement dans cette crise ? Pourquoi le ministère du Commerce, censé réguler les prix et protéger les citoyens, reste-t-il inerte ? Les discours officiels, centrés sur des sujets comme le prix du ciment ou les matériaux de construction, sonnent comme une insulte pour une population qui lutte pour remplir ses assiettes. Cette déconnexion alimente un ressentiment croissant.

 

Une population livrée à elle-même

 

Il est temps de dire les choses clairement. Comment un gouvernement, qui prétend servir le peuple, peut-il rester passif face à une crise qui touche le cœur des ménages ? Le ministère du Commerce, englué dans des déclarations creuses, semble incapable d’agir. Ses annonces sur les importations de matériaux ou les projets d’infrastructure passent à côté des priorités vitales : le manioc, la viande, le sel,  ces aliments qui font vivre les Centrafricains. Cette indifférence n’est pas seulement une erreur, c’est une trahison des besoins fondamentaux de la population.

 

L’absence de régulation laisse la porte ouverte à la spéculation. Les commerçants, livrés à eux-mêmes, augmentent les prix sans crainte de sanctions. Les bouchers réduisent les portions sans être inquiétés. Les transporteurs, pressurés sur les routes, répercutent leurs pertes sur les consommateurs. Où est l’autorité de l’État ? Où est la protection promise aux citoyens ?

 

Cette crise révèle une vérité amère : le régime actuel, retranché dans ses bureaux, semble avoir perdu tout contact avec la réalité. Gouverner, ce n’est pas discourir sur des projets lointains, c’est répondre aux urgences du quotidien. À Bangui, l’urgence est dans les marchés, dans les cuisines vides, dans les regards inquiets des mères de famille. Ignorer cela, c’est abandonner le peuple à son sort.

 

Un sursaut ou le chaos

 

Cette flambée des prix n’est pas une fatalité. Des solutions existent. Le gouvernement doit sécuriser les routes pour réduire les coûts de transport, démanteler les barrières illégales et punir les spéculateurs. Le ministère du Commerce doit instaurer des prix plafonds sur les produits essentiels et explorer des subventions pour le manioc, la viande et autres denrées vitales. Mais pour cela, il faut une volonté politique,  une volonté qui, aujourd’hui, brille par son absence.

 

Les Centrafricains ne demandent pas la lune. Ils veulent pouvoir manger, survivre, vivre avec dignité. Mais face à un manioc à 4000 francs et des portions de viande réduites à peau de chagrin, cet espoir s’effrite. La colère monte dans les quartiers, et elle est légitime. Si le gouvernement persiste dans son inaction, il risque d’allumer une mèche qu’il ne pourra plus éteindre. Le manioc n’est pas qu’un aliment : c’est le pouls de Bangui. Quand il devient hors de portée, c’est toute la société qui vacille….

 

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