La réforme du secteur de la sécurité  impuissante face aux chaos de la transhumance  

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La réforme du secteur de la sécurité  impuissante face aux chaos de la transhumance  

La réforme du secteur de la sécurité impuissante face aux chaos de la transhumance

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 La réforme du secteur de la sécurité, vantée par Jean Sosthène Dengbe, s’effondre face à une gestion défaillante des frontières et de la transhumance.

 

En République centrafricaine, où l’insécurité ronge les villes de provinces, la réforme du secteur de la sécurité (RSS) devait redonner à l’État les moyens de contrôler ses frontières et de pacifier les tensions liées à la transhumance. Pourtant, les violences persistent, et les morts s’accumulent dans des régions comme l’Ouham-Pendé, l’Ouham, Ouaka, et la Nana-Mambéré. Lors de l’émission parlement sur la radio Ndéké-Luka, Jean Sosthène Dengbe, président de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale, a tenté de défendre les efforts de la réforme du secteur de la sécurité. Mais ses propres mots, oscillant entre ambition et aveux d’échec, révèlent une vérité choquante : la gestion des frontières et de la transhumance reste un fiasco, minée par des failles structurelles que l’État peine à combler.

 

Dengbe présente la réforme du secteur de la sécurité comme un pilier de la reconstruction nationale, soutenue par des partenaires comme l’Union européenne. Il insiste sur deux priorités : sécuriser les frontières et réguler la transhumance, un défi majeur dans un pays où les conflits entre éleveurs et agriculteurs alimentent la violence. Pour les frontières, il évoque des commissions mixtes avec le Tchad et le Cameroun, appuyées par la MINUSCA, ainsi que la construction de bases transfrontalières, comme à Berberati, pour surveiller les routes utilisées par les groupes armés. Ces initiatives, selon lui, doivent renforcer le contrôle territorial et freiner les incursions. Pour la transhumance, il reconnaît des “problèmes” dans la gestion des couloirs dédiés, mais reste vague sur les solutions, se contentant d’appeler à une approche multisectorielle impliquant l’élevage, l’agriculture et les eaux et forêts.

 

Ces annonces, bien qu’alléchantes, se heurtent à une réalité. Dengbe admet que les couloirs de transhumance “ne sont pas encore bien gérés”, une litote pour décrire un chaos qui coûte des vies. Dans les préfectures citées, les affrontements liés à la transhumance,  souvent amplifiés par des groupes armés profitant du désordre,  font des dizaines de victimes chaque année. Les FACA, censées intervenir, manquent de moyens pour patrouiller efficacement. Dans les villes de province comme Bambari ou Bria, les soldats n’ont souvent ni véhicules ni carburant, contraints d’emprunter des motos à des civils pour se déplacer. Pendant ce temps, des témoignages locaux pointent une disparité troublante : les mercenaires russes du groupe Wagner, omniprésents en RCA, disposent de blindés, de motos tout-terrain et de flottes de véhicules, roulant parfois à trois ou quatre par unité, là où les FACA peinent à se mouvoir.

 

Cette inégalité soulève des questions sur les priorités de l’État. Dengbe parle de bases transfrontalières et de commissions mixtes, mais qui en bénéficie réellement ? Les équipements fournis par les partenaires internationaux, destinés à renforcer les FACA, semblent souvent captés par Wagner, qui opère en parallèle de l’armée nationale. Cette mainmise, murmurée dans les provinces, transforme les soldats centrafricains en spectateurs de leur propre sécurité. Les bases comme celle de Berbera, si elles existent, restent des coquilles vides sans logistique fiable pour les approvisionner. Le carburant, vital pour les patrouilles, dépend encore de la MINUSCA, une dépendance que Dengbe mentionne sans proposer de solution concrète. Cette tutelle, combinée à l’emprise de Wagner, ridiculise l’idée d’une souveraineté retrouvée.

 

La transhumance, quant à elle, illustre l’incapacité de la RSS à coordonner les secteurs. Dengbe évoque une approche intégrée, mais les ministères de l’Élevage, de l’Agriculture et des Eaux et Forêts opèrent en silos, sans stratégie claire. Les couloirs de transhumance, mal délimités, deviennent des zones de non-droit où les éleveurs armés, parfois soutenus par des milices, sèment la peur. Les FACA, sous-équipées, ne peuvent ni prévenir ni répondre à ces violences, voir même participer. Dengbe reconnaît ce désordre, mais ses appels à une “gestion transversale” sonnent comme des vœux pieux, déconnectés des réalités du terrain. Dans les provinces, les communautés, livrées à elles-mêmes, s’organisent en groupes d’autodéfense, aggravant le cycle de la violence.

 

Les racines de cet échec sont profondes. Dengbe rappelle les crises qui ont démantelé l’État, de la guerre civile de 2013 aux accords de paix fragiles comme celui de Khartoum. Ces années de chaos ont vidé les caisses et dispersé les compétences. Mais cet argument, répété comme un refrain, ne peut masquer l’absence de progrès. La RSS, lancée pour restaurer l’autorité de l’État, patine face à des défis structurels : manque de coordination, pénurie de ressources, dépendance étrangère. Les commissions mixtes avec le Tchad ou le Cameroun, si elles fonctionnent, restent des initiatives ponctuelles, incapables de compenser l’absence d’une stratégie nationale. Les bases transfrontalières, sans carburant ni soldats équipés, sont des symboles creux.

 

Jean Sosthène Dengbe, en tant que parlementaire, ne peut se contenter de lister des projets. Ses déclarations, qui vantent des avancées théoriques, passent sous silence les vrais obstacles : une armée reléguée derrière Wagner, une logistique inexistante dans les provinces, une transhumance livrée au chaos. Les citoyens, épuisés par les violences, attendent des actes, pas des discours. Chaque mort dans Wampindi ou Namandiri est un rappel de l’impuissance de la RSS. Chaque moto empruntée par un soldat est une humiliation pour une armée censée protéger la nation….

 

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