Zémio : Les Russes sauvent Touadéra, mais à quel prix ?

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Zémio : Les Russes sauvent Touadéra, mais à quel prix ?

 

Zémio : Les Russes sauvent Touadéra, mais à quel prix ?
Romaric Sangou Zirani, le sous-préfet de Zemio, posant pour photo avec Dimitri Sitiy , chef militaire du groupe Wagner en Centrafrique

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À Zémio, les mercenaires Russes et les FACA réapparaissent après six ans. Dr Paul Crescent Beninga questionne : à quel prix Touadéra vend-il la souveraineté ?

 

Après six ans d’absence, les Forces armées centrafricaines (FACA), appuyées par des mercenaires russes du groupe Wagner, ont débarqué, en mai 2024,  à Zémio, une sous-préfecture stratégique du Haut-Mbomou. Les habitants, las des exactions de groupes armés comme l’UPC, ont salué ce déploiement, marqué par des patrouilles armées et des moyens aériens. Mais derrière cette opération, une ombre plane. Sur la radio Ndéké-Luka, Dr Paul Crescent Beninga, porte-parole du groupe de travail de la société civile, a posé une question dérangeante : “Vous avez désinstitutionnalisé la gestion de l’armée !”. À Zémio, Touadéra parade sur le dos des Russes, mais à quel prix pour la souveraineté centrafricaine ?

 

Le retour des FACA à Zémio, après une si longue absence, révèle une vérité amère : l’armée nationale est incapable d’agir seule. Équipés d’avions de chasse et de véhicules, les Russes mènent la danse, reléguant les FACA à un rôle subalterne. “C’est une armée qui dépend des étrangers”, déplore un habitant de Zémio, sous anonymat. Ce déploiement, loin de restaurer la confiance, souligne une dépendance croissante envers des alliés russes, dont les intérêts en Centrafrique – notamment miniers – soulèvent des interrogations. Touadéra, en s’appuyant sur eux, sacrifie-t-il l’indépendance nationale pour sauver son image ?

 

Cette crise s’inscrit dans un délabrement plus large des FACA. À Gomion, Lobaye, Beloko, et partout où les Chinois exploitent des mines, les soldats protègent des intérêts étrangers, souvent au détriment des populations. À Bania, dans la Sangha-Mbaéré, , deux jeunes ont été agressés par des FACA défendant une coopérative minière, l’un tombant dans le coma. À Beloko, les douanes accusent les soldats de faciliter la dissimulation de produits miniers par les Chinois, permettant leur sortie illégale. “Le déploiement des FACA, c’est tout un business !” accuse Beninga, dénonçant une armée transformée en milice au service d’élites et de puissances étrangères.

 

La crise des primes globales d’alimentation (PGA) exacerbe ce chaos. Selon des vérifications, ces primes, vitales pour nourrir les troupes, sont suspendues depuis plus de six ans. Pourtant, des rumeurs entretenues pointent l’état-major, accusé de détournement. Des fonds s’égarent parfois, mais la vérité est plus dure : les PGA ne sont plus versées, laissant les soldats affamés. À Ouanda-Djallé, ils tirent en l’air pour réclamer cinq mois d’arriérés. À Ziki, ils fouettent des femmes enceintes, causant la perte d’un jumeau. À Birao, Ouadda-Maïkaga, Yalinga, Nana-Mambéré, Kouango, Ndim, Paoua, et Obo, les arriérés atteignent jusqu’à 24 mois. “Ils n’ont pas à manger, ils posent des actes de violence”, explique Beninga.

 

Ce désespoir alimente des désertions massives. Dans la Vakaga, une trentaine de soldats ont fui Birao, Tiringoulou, Sikikédé, et Gordil, bravant une attaque mortelle à Gonda pour rejoindre Bangui. À Ouadda-Maïkaga, treize déserteurs ont quitté leurs postes depuis avril 2025. À Yalinga, une désertion massive a vidé la ville en février 2025. “On nous laisse crever de faim”, confie un déserteur, reflétant un abandon généralisé. Ces départs exposent les populations aux groupes armés comme la CPC, tandis que les FACA, censées protéger, deviennent une menace.

 

Le ministre de la Défense, Rameaux Claude Bireau, tente de rassurer : “Tout se gère normalement depuis 2021”, affirme-t-il, vantant inspections et décaissements. Mais les faits le contredisent. À Sam-Ouandja, des incidents ridiculisent ses promesses. Les détachements, prolongés jusqu’à deux ans contre trois mois réglementaires, engendrent des dérives. “Un soldat qui fait plus de six mois épouse les habitudes du lieu”, avertit Beninga, expliquant les violences à Gomion, Lobaye, ou Ziki. À Ouanda-Djallé, les tirs traduisent une rage face à l’absence de moyens.

 

Touadéra, Baba Kongoboro, au centre de ce système, détourne l’attention avec des gestes comme l’offre de trente vehicles aux FACA, un “effort personnel” démystifié par Beninga : “C’est l’argent de l’État, sinon c’est du vol !” Pendant que l’usine nationale Mamika, capable d’équiper l’armée, agonise, une obscure “FDS Manufacture” rafle des contrats. Officiers supérieurs, qualifiés de “grands commerçants” par Beninga, prospèrent sur des équipements surfacturés, tandis que les soldats, en tongs, incarnent un délabrement institutionnel. À Zémio, les Russes comblent le vide laissé par une armée affaiblie, mais à quel coût ?

 

L’inspection générale, vantée par Bireau, reste une coquille vide. “Je n’ai pas de rapport mettant en cause des responsables”, esquive-t-il. Mais les Centrafricains savent : une armée qui dépend des Russes à Zémio, protège les mines chinoises à Beloko, et brutalise dans la Lobaye n’est pas républicaine. C’est une institution brisée, au service d’intérêts opaques. Le peuple mérite des réponses : pourquoi les FACA sont-elles si dépendantes des Russes ? Pourquoi les PGA sont-elles suspendues ? Et pourquoi Touadéra laisse-t-il son armée sombrer ? La vérité émergera, et le peuple exigera justice….

 

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