Éducation, santé, nourriture : Ouadda-Maïkaga plongée dans le chaos

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Éducation, santé, nourriture : Ouadda-Maïkaga plongée dans le chaos

 

Haute-Kotto : la présidente de l’OFCA de Ouadda-Maïkaga humiliée publiquement par le président de la jeunesse de Bria, la population de Ouadda en colère
L’entrée de la ville de Ouadda-Maïkaga, dans la préfecture de la Haute-Kotto. CopyrightCNC

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À 204 kilomètres de Bria, Ouadda-Maïkaga  sombre dans une crise sans fin. Écoles en ruines, hôpitaux sans médicaments, marchés vides : la ville, encerclée par des groupes armés, voit ses habitants lutter chaque jour pour survivre face à l’indifférence des autorités.

 

Une éducation quasi-inexistante

 

À Ouadda-Maïkaga, le système éducatif est au bord de l’effondrement. Les salles de classe, datant pour la plupart de l’indépendance, sont dans un état lamentable. Les termites ont rongé les structures en bois, et il n’y a même pas de tables ou de bancs pour les élèves. Mais le problème le plus criant, c’est l’absence totale d’enseignants qualifiés. Ici, ce sont des « maîtres-parents » qui assurent les cours. En clair, ce sont des personnes recrutées et payées directement par les parents, souvent avec un niveau d’instruction minimal, juste assez pour lire et écrire. L’État, lui, ne contribue en rien.

 

Cette situation a des conséquences directes. Faute de moyens pour rémunérer ces maîtres-parents, les grèves sont fréquentes. Il y a quelques semaines, par exemple, les élèves sont restés une semaine entière sans école. Après des négociations difficiles, les cours ont repris, mais de manière chaotique : les enfants vont en classe une heure ou deux, puis rentrent chez eux. C’est ainsi que l’avenir des jeunes est façonné dans cette ville, un avenir bien sombre. Et ce problème des maîtres-parents n’est pas propre à Ouadda-Maïkaga; il touche une grande partie du pays.

 

Une santé laissée à l’abandon

 

Côté santé, la situation est encore plus alarmante. À Ouadda-Maïkaga, il n’y a ni infirmiers diplômés, ni médecins. Les soins reposent entièrement sur des bénévoles et des secouristes , qui travaillent sans moyens ni médicaments. Un cas récent illustre tragiquement cette réalité : une jeune fille souffrant d’un gonflement de la mâchoire a été transportée à l’hôpital local. Mais sur place, aucun traitement n’était disponible. Même les casques bleus rwandais présents dans la ville, sollicités en désespoir de cause, ont expliqué qu’ils n’avaient pas de médicaments adaptés. La jeune fille a dû être évacuée vers Bria, à 204 kilomètres de là. Malheureusement, elle est décédée en chemin. Ce drame n’est pas un cas exceptionnel ; des histoires similaires se répètent trop souvent.

 

Une insécurité alimentaire aggravée par les groupes armés

 

Sur le plan alimentaire, Ouadda-Maïkaga est au bord de la rupture. Les prix des produits sur le marché ont explosé, rendant la vie encore plus dure pour les habitants. La viande de bœuf, par exemple, a pratiquement disparu. Les éleveurs, qui approvisionnaient autrefois la ville, fuient désormais à cause des taxes exorbitantes imposées par les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA). Chaque éleveur doit payer 25 000 francs CFA, une somme qui les pousse à s’éloigner de la ville. Résultat : plus de viande sur les étals.

 

Pour compenser, les habitants se tournent vers la viande de brousse. Mais là encore, un obstacle majeur se dresse : la ville est encerclée par des groupes armés. Aller chasser dans la brousse est devenu extrêmement risqué. Il y a une semaine, deux jeunes chasseurs en ont payé le prix : l’un a été tué, l’autre a réussi à s’échapper. Face à ce danger, les chasseurs hésitent à s’aventurer hors de la ville, et la viande de brousse se fait rare. Les habitants n’ont plus d’autre choix que de se rabattre sur des feuilles, comme celles de manioc, pour survivre.

 

L’absence d’aide humanitaire

 

Aucune aide humanitaire n’arrive à Ouadda-Maïkaga. La population manifeste régulièrement pour réclamer du soutien, mais les rares ressources qui parviennent dans la région sont systématiquement redirigées vers Sam Ouandja, une ville située à environ 130 kilomètres au nord-est. Des enseignants ou des fournitures promises à Ouadda-Maïkaga sont détournés vers cette autre localité, laissant les habitants dans l’incompréhension et la frustration. « Tout va à Sam Ouandja », répètent-ils, désabusés.

 

Distances et isolement

 

Ouadda-Maïkaga est à 204 kilomètres de Bria, une ville clé de la Haute-Kotto. Sam Ouandja, où tout semble converger, se trouve à environ 130 kilomètres de Ouadda-Maïkaga et 340 kilomètres de Bria. Quant à la capitale, Bangui, elle est à près de 592 kilomètres de Bria et environ 680 kilomètres de Sam Ouandja par la route. Cet isolement géographique, combiné à l’état désastreux des routes et à l’insécurité, complique encore davantage l’accès à l’aide ou aux services essentiels.

 

Un silence qui pèse lourd à Ouadda-Maïkaga

 

Les autorités locales, dépassées ou indifférentes, ne font rien pour changer la donne. La population a déposé à plusieurs reprises des requêtes auprès du sous-préfet, sans jamais obtenir de réponse. Au niveau national, le gouvernement semble avoir d’autres priorités. Des milliards sont versés au groupe Wagner, selon les habitants, pendant que des villes comme Ouadda-Maïkaga sont laissées à l’abandon. Avec la suspension récente de l’aide américaine, les organisations humanitaires, déjà en manque de fonds, peinent à répondre aux besoins croissants. La crise de Ouadda-Maïkaga reste un drame silencieux, mais ses habitants, eux, continuent de souffrir et d’espérer un sursaut, une lueur au milieu de ce chaos….

 

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