MINUSCA et gouvernement : des sparadraps sur une jambe cassée

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
La semaine dernière, à Bangui, une nouvelle cérémonie a fait les gros titres : la MINUSCA a remis au ministère de l’Administration du territoire un lot de motos, d’ordinateurs et de matériel de bureau. Vingt motocyclettes pour les secrétaires généraux des préfectures, quelques fournitures pour travailler, et une promesse d’outils informatiques qui devraient arriver d’ici deux semaines. Le ministre Bruno Yapande y a salué l’initiative, remerciant les partenaires internationaux pour ce soutien. À première vue, c’est une bonne nouvelle pour un pays où l’État peine à reprendre pied. Mais en y regardant de plus près, on se demande si ces gestes, aussi bienvenus soient-ils, ne sont pas juste des pansements sur une blessure bien plus profonde.
La MINUSCA, cette mission de l’ONU déployée depuis 2014 pour stabiliser le pays de Barthelemy Boganda, ne manque pas de bonne volonté. Elle multiplie les actions : des bases temporaires comme celle installée le 18 février à Mingala, dans la Basse-Kotto pour protéger les civils, des kits logistiques pour soutenir l’administration, ou encore des programmes comme la neuvième phase du CVR à Bimbo, qui forme 801 jeunes à des métiers. Valentine Rugwabiza, la cheffe de la mission, parle d’un “besoin essentiel” comblé, et le ministre Yapande qui assure que ces moyens vont aider les autorités locales à se déplacer et à agir. Pendant ce temps, le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra annonce des avancées : la réforme du secteur de la sécurité, le redéploiement des forces armées, la lutte contre les groupes armés. Sur le papier, tout semble aller dans le bon sens.
Mais la réalité sur le terrain raconte une autre histoire. La Centrafrique reste un pays en lambeaux. Les groupes armés contrôlent encore des pans entiers des brousses du territoire, les routes sont des coupe-gorge, et l’État, même avec ses motos neuves, n’arrive pas à s’imposer hors de Bangui. Les élections locales prévues pour octobre, un événement historique après des décennies d’absence, sont menacées par l’insécurité et les fraudes. La MINUSCA peut bien fournir des véhicules ou sécuriser des bureaux, mais elle ne peut pas tout faire. Et le gouvernement ? Il dépend tellement de cette mission qu’on se demande s’il tient encore debout tout seul. Les dix véhicules tout-terrain remis la semaine dernière au ministère de l’Économie, financés par la Banque africaine de développement, sont une aubaine, mais ils ne règlent pas le fond du problème : un État qui n’a ni les moyens ni la capacité de gouverner pleinement.
C’est là que le bât blesse. La MINUSCA et le gouvernement travaillent main dans la main, mais leurs efforts ressemblent trop souvent à des coups de peinture sur une maison qui s’effondre. Les motos et les kits sont utiles, personne ne dira le contraire, mais ils ne reconstruisent pas un système de santé défaillant, une justice absente, ou une économie ravagée. Le ministre Richard Filacotta parle d’améliorer les conditions de vie dans l’arrière-pays, mais combien de temps faudra-t-il pour que ces mots se traduisent en actes ? Pendant ce temps, la population attend, coincée entre les promesses d’un gouvernement fragile et l’aide d’une mission internationale qui, malgré ses 15 000 hommes, ne peut pas tout porter à bout de bras.
Alors oui, la coopération entre la MINUSCA et le gouvernement fait des étincelles sur les photos officielles. Mais pour un pays qui a besoin d’une opération chirurgicale en profondeur – une refonte complète de ses institutions, une paix durable, une économie qui redémarre –, ces petits coups de pouce, c’est un peu comme mettre des sparadraps sur une jambe cassée. Ça tient un moment, mais ça ne guérit pas.
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